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BLOG DE PHILOSOPHIE
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30 avril 2020

L'ART

art

L’ART

 

INTRODUCTION

L’activité artistique est une manifestation culturelle par excellence de l’homme. Le terme art  a longtemps désigné les savoir-faire artisanaux et l’ensemble des activités productrices humaines. Le sens actuel de l’art désigne les beaux-arts : la musique, la poésie, l’architecture, la danse, la sculpture, le cinéma, le théâtre, etc.

Qu’est-ce qui caractérise une œuvre d’art? Quelle est la finalité de l’art ? La beauté esthétique est-elle universelle ou individuelle ? Peut-on reprocher à l’art de nous éloigner de la vérité ? L’art est-il compatible avec la religion ?

 

I. Art et technique                                                                                                         

L’activité artistique se distingue de l’activité artisanale (ou technique) sur plusieurs choses. La première grande différence entre ces deux activités humaines se situe au niveau de l’objet produit. Le produit artistique, c’est-à-dire l’œuvre créée par l’artiste, est une œuvre inutile. Elle n’a aucune utilité matérielle. En revanche, le produit artisanal, celui de l’artisan, est utile. L’artisan produit un produit matériellement utilisable, un produit consommable (produit technique). Lorsque, par exemple, un artiste chanteur crée une chanson, sa chanson est destinée à être écoutée, admirée, mais elle n’aura aucune utilité matérielle. En revanche, le porte-monnaie artisanal est utile pour les femmes (ou les hommes), comme son nom l’indique, en leur permettant de porter leur monnaie. Il est utile dans la vie quotidienne de l'homme.   

Les deux activités se distinguent aussi l’une de l’autre dans leur mode de production. Dans la production artisanale (ou technique), l’artisan (le technicien) a une certaine idée de la forme et de la configuration finales de son produit avant même sa production. Il sait avant sa réalisation quelle forme aura son produit une fois finalisé. Effet, l’artisan ou le technicien, planifie sa production avant de l’exécuter. De ce fait, chez l’artisan, l’ « idée précède et règle l’exécution » (Cf. Alain). C’est le projet qui déterminera son produit. En revanche, un artiste n’a aucune idée de la forme que prendra son œuvre avant sa création. Autrement dit, il ne peut pas savoir en avance quelle forme donner à son œuvre artistique. Il commence la création de son œuvre sans aucun plan (projet) préalable. Chez l’artiste donc « l’idée lui vient à mesure qu’il fait » son œuvre. Alain pense « qu’il serait même plus rigoureux de dire que l’idée lui vient ensuite ». Ainsi, le musicien ne connaît pas la forme finale de la chanson qu’il veut écrire ; il va progressivement, petit à un petit, créer son œuvre. La chanson, comme la poésie, va naître sous  le pinceau de l’artiste qui demeure « spectateur » de la naissance de son œuvre.  

D’autre part, contrairement à la technique qui résulte d’un savoir-faire, l’art, quant à lui, dépend du génie de l’artiste qui imprime sur son œuvre sa valeur. Kant affirme que la valeur de la création de l’artiste réside dans son génie, dans sa capacité d’imagination. Le génie de l’artiste consiste à produire son œuvre sans posséder a priori le savoir de ce qu’il fait. Il va développer son propre génie créateur avec son effort : il crée une œuvre originale, sans posséder préalablement un savoir pour réaliser cette œuvre.  Ainsi, la véritable œuvre d’art, celle originale, celle émanant de son esprit, est, aux yeux de Hegel, infiniment plus riche et plus extraordinaire que la réalité extérieure.

Un produit artisanal (ou technique) est utilitaire et son caractère utilitaire constitue sa limite temporelle. Quand un objet d’usage est fonctionnel et utilitaire, il intéresse les hommes que par son utilité. Dès que son utilité termine, il n’intéresse plus personne. Ainsi, un stylo est utile pour écrire. Il est fonctionnel dans l’écriture. Mais une fois l’encre finit, le stylo n’est plus utilisable. Il ne peut plus être utilisé pour écrire. Il meurt donc avec le temps, avec la fin de son usage (son utilité). Par contre, une œuvre d’art n’est pas utile comme on l’a vue précédemment. Et comme il n’est pas utilitaire matériellement, il ne peut pas mourir avec le temps ; il est beaucoup plus durable que le produit technique (et celui artisanal). Et surtout c’est ça le secret de sa longévité (sa durabilité). A ce propos Hannah Arendt écrit : « Du point de vue de la durée pure, les œuvres d’art sont clairement supérieures à toutes les autres choses ; comme elles durent plus longtemps au monde que n’importe quoi d’autre, elles sont les plus mondaines des choses ». L’œuvre d’art est donc considérée comme immortelle comparée au produit technique.

 

II. L’ART ET L’ESTHETIQUE

Si certains objets sont destinés à être utiles pour un usage déterminé, et certains d’autres comme les produits de consommation pour être consommés très rapidement, existent,  « dans le monde fabriqué par l’homme », des œuvres qui sont destinées ni à l’usage, ni à la consommation. Ces œuvres sont crées uniquement pour être contemplées. Ce sont les œuvres d’art. On dit donc que l’art vise l’esthétique ou le Beau. Ainsi, une œuvre d’art telle qu’une peinture ne se destine à aucune utilité, elle cherche à susciter chez le spectateur un plaisir esthétique. Elle se donne à la contemplation et à l’admiration. Pour créer son œuvre, l’artiste peut nous représenter une chose déjà présente dans le monde réel, dans la nature. Il peut nous faire, comme nous le dit Kant, une « belle représentation d’une chose » naturelle qui n’est pas naturellement belle voire même d’une nature très laide. Ou bien l’artiste pourra nous créer lui-même artistiquement une chose originale qui n’a pas d’exemplaire dans la nature.

Mais le beau artistique est-il universel ? Une œuvre d’art pourrait-elle être belle pour tout le monde ? Le beau est-il un sentiment ou une idée ? L’art est une activité sensible. Il s’adresse à la sensibilité du spectateur. Il sollicite la sensibilité visuelle : la peinture, la sculpture, l’architecture, la danse, etc. ou la sensibilité auditive : la musique, la chanson, etc. Il nous procure un plaisir esthétique. Devant une œuvre d’art, on ressent un plaisir : on peut ressentir ce plaisir en écoutant une chanson, en regardant une danse, en lisant une poésie, etc. Devant un même objet, il semble que nous ressentons le beau différemment. Ce qui est beau pour moi pourrait ne pas être beau pour quelqu’un d’autre. C’est pourquoi les hommes n’ont pas les mêmes goûts. Ainsi on pourrait penser que la beauté est une affaire personnelle, subjective qui dépend de chaque individu.

Cependant, Kant distingue entre le beau et l’agréable. Il fait dépendre l’agréable à la sensation et au jugement des sens. Ainsi, nos sens ne sentent pas de la même manière les choses. Raison pour laquelle nos sensations divergent. En effet, deux amis peuvent avoir deux jugements différents sur le goût d’un plat. Quand l’un le trouve agréable, l’autre pourrait le trouver désagréable. Le goût est donc discutable pourrions-nous dire. Et le beau ? Kant avance que le beau n’est pas discutable. Il diffère de l’agréable. Car Kant le charge d’une dimension universelle. En ce sens, il définit le Beau comme « ce qui plait universellement sans concept ». Ce faisant, contrairement à l’agréable, devant une œuvre d’art que nous jugeons être belle, nous semblons être convaincus qu’elle l’est aussi pour les autres sans pour autant se baser sur des propriétés objectives qui confirmeraient notre jugement. Lorsque je juge qu’une œuvre est belle, j’ai généralement le sentiment que l’autre aussi partage esthétiquement le même jugement que moi sur la valeur esthétique de celle-ci. Le beau n’est pas donc purement objectif et relatif (culturel) : il a une dimension universelle. C’est pourquoi l’art traverse les frontières géographiques et temporelles.

 

III. ART ET COMMUNICATION

L’art est une composante culturelle : chaque culture à ses propres œuvres d’art. Des œuvres qui représentent une grande partie de la culture d’une société : les poèmes, les films, les musiques, etc. Grâce à l’art, la culture se transmet d’une génération à une autre, mais aussi c’est à travers les œuvres d’art que nous pouvons connaître les cultures des autres peuples. C’est l’art qui fait rayonner une culture à travers le monde. Une culture artistiquement pauvre est mondialement éclipsée par les autres cultures dont les activités artistiques sont les plus riches et plus vivantes. Par l’intermédiaire de l’art, on peut donc connaître d’autres peuples, d’autres cultures que les nôtres, découvrir leurs modes de vie, aimer d’autres cultures. C’est le cas de l’américanisation culturelle dans le monde d’aujourd’hui. On parle aussi d’une uniformisation culturelle. Les nouvelles générations, dans plusieurs pays du monde, adoptent la culture américaine (ou celle occidentale). La jeunesse mondiale épouse the way of life américain. Elle s’américanise et/ou s’européanise. Elle est influencée par la musique, la danse, la cinématographie, le média américains et européens. Les cultures s’occidentalisent. Notre monde de vie s’occidentalise. Certes, il est naturel de s’intéresser à d’autres cultures, le repli sur soi est marginalisant, il est déconseillé ; nous pouvons s’ouvrir à d’autres cultures, mais nous devons prioritairement promouvoir la nôtre, afficher et être fier de ce qui est avantageux dans notre propre culture.               

Hegel pense, de son côté, que l’art est un moyen de manifester son intérieur. L’art peut être utilisé pour communiquer les sentiments, les émotions, les idées. Il peut devenir un instrument de communication beaucoup plus personnel et plus expressif que notre langue impersonnelle et trop générale. L’artiste pourra s’exprimer dans la chanson, dans la musique, dans la poésie,  etc. L’art pourra même, quand il est engagé, servir un moyen pour exprimer ses opinions politiques, ses idées, ses pensées. C’est un moyen d’expression important et très riche. Contrairement au langage qui, lui, est codé, social et très relatif, l’art transcende les frontières géographiques comme celles linguistiques. Une œuvre d’art s’apprécie universellement dans le monde. Elle s’origine naturellement dans une culturelle particulière, celle de l’artiste, mais elle communique mondialement avec des spectateurs appaertenant à d'autres cultures. Les langues nous divisent et compliquent la communication entre les peuples. C’est cette barrière linguistique que l’art semble contourner. L’artiste parle artistiquement avec des peuples différents parlant des langues différentes. De plus, les langues sont conventionnelles et codées. Elles sont impersonnelles. Nous devons utiliser tous les mêmes signes pour s’exprimer, mais l’art est personnel et intime. Une œuvre d’art est unique. Sans exemplaire. Elle est originale. Elle exprime la particularité de l’artiste.

A en croire Freud, l’art serait même capable de manifester l’inconscient de l’homme. En ce sens, il considère les œuvres d’art comme « des satisfactions fantasmatiques de vœux inconscients » qui pourraient « satisfaire » chez les autres hommes (les spectateurs) de « désirs inconscients ». Mais, précise le psychanalyste, contrairement au névrosé réfugié dans son « monde imaginaire » et narcissique, l’artiste compose avec son monde réel en donnant à ses œuvres (inconscientes) une forme sublimée compatible à son milieu social et culturel.

 

IV. ART, VERITE ET RELIGION

Platon, dans la République, considère l’activité artistique comme une imitation de la nature. L’art ne peut pas atteindre l’essence, l’être de la chose, qui est permanent et inchangeable. L’artiste prend pour objet une réalité présente dans la nature. Il  reproduit l’apparence de cette réalité et non son essence, sa vérité ;  il est comme un miroir qui nous renvoie les reflets des choses et non les choses elles-mêmes. L’artiste ne fait donc que copier une copie, l’apparence de la réalité. En plus, la reproduction artistique de la nature est imparfaite ; l’artiste est incapable de reproduire fidèlement son objet, car son objet de reproduction est une création divine, elle porte l’empreinte de la perfection divine, sa reproduction n’a aucune chance de se mesurer à la parfaite créativité de Dieu (HEGEL).

Ainsi, selon Platon, l’art serait donc une activité mensongère : les artistes sont des illusionnistes, des faussaires. Ils nous trompent en nous présentant les apparences, les simulacres des choses et non leurs véritables réalités ou essences. Ces représentations trompeuses fascinent et captivent nos sensibilités et nos corps ; elles séduisent même les sages. Platon condamne l’art comme Socrate. Il reproche donc à l’art de travestir doublement la vérité et la réalité : c’est la raison pour laquelle il veut chasser les artistes (et particulièrement les poètes) de la cité idéale.

Mais l’art est-il aussi illusionniste qu’il nous le décrit Platon ? Ce n’est pas ce que pense Bergson. Bergson pense que l’art pourrait même être « révélateur ». Il nous montre dans la nature et même dans l’esprit, ce que nous ne pouvons pas apercevoir. Les œuvres artistiques nous permettent, comme le montre Bergson, de mieux voir notre réalité et aussi notre intérieure. Elles rendent « visibles » ce qui est pour nous « invisibles ». Car, à l’inverse de l’artiste qui est plus « idéaliste » et beaucoup « plus détaché de la réalité » que nous, nous sommes, nous, beaucoup absorbés par notre réalité, ce qui rétrécit notre vison du monde.

La religion a aussi une dent contre les représentations artistiques. Car l’art ne se gène pas à blasphémer le sacré religieux. Il représente ce qui pour la religion ne doit pas être représenté, ou ce qui est sans représentation. La religion craint que la représentation artistique (sculpture, peinture, etc.) favorise l’idolâtrie. C’est pourquoi les religions cherchent sérieusement à encadrer les activités artistiques. Pour cela, l’islam interdit la représentation artistique à propos de Dieu et des humains. L’islam n’est pas, comme les autres religions monothéistes, très favorable pour la vie artistique. Même s’il laisse certaines activités artistiques se manifester, il interdit la musique, la représentation humaine et divine, etc. Non loin de nous, les activités artistiques mettent en colère la religion et les religieux. Les dernières caricatures de certains journaux européens sur l’islam et particulièrement le prophète Mohamed (PSL) ont enflammé les pays musulmans.

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