Q LE CORPS

Le corps est une enveloppe extérieure qui nous constitue. C’est une réalité physique qui possède une existence matérielle et qui donne à son propriétaire la capacité de sentir, de se déplacer et d’interagir avec son entourage. La vie de l’homme est donc intrinsèquement liée à son corps.

CORPS ET AME

La philosophie associe traditionnellement à l’homme deux réalités de natures différentes : le corps et l’âme.

Le corps est la dimension matérielle et physique de l’homme. C’est l’enveloppe qui couvre physiquement l’être humain. Cette enveloppe est la partie concrète et visible de l’homme. A la différence des autres objets, la partie corporelle de l’homme n’est pas un simple corps inanimé comme une pierre. Le corps humain a la particularité d’être animé. C’est un corps animé, vivant. Il se meut, sent, interagit, croit… On dit qu’il est habité par une âme ou un souffle vital. L’homme est donc composé d’une double réalité.

Mais le rapport entre le corps et l’âme de l’homme a toujours passionné la philosophie. Car le lien entre ces deux réalités est problématique. A ce propos, plusieurs thèses philosophiques se sont affirmées sur ce problème. Pour Platon, ce n’est pas le corps qui s’anime tout seul, mais c’est l’âme qui anime notre corps. C’est elle qui rend possible les sensations et sans elle le corps ne peut rien sentir, ni rien faire. Cette conception dualiste est soutenue aussi par d’autres philosophes tels que Descartes qui soutient l’idée d’un corps et d’une âme distincts l’un de l’autre mais en interaction entre eux. Selon le dualisme, c’est la mort qui mettra fin à ce couple en divorçant le corps de l’âme ou en délivrant l’âme de sa prison charnelle. Et quand l’âme quitte le corps, ce dernier ne pourra plus vivre et exister. Il se décompose, se dégrade et disparait.

Mais comment l’âme peut-elle animée un corps matériel alors qu’elle est une chose immatérielle ? Comment une chose immatérielle telle que l’âme peut elle mouvoir et faire animer une chose matérielle telle que le corps ? Scientifiquement parlant, seul un corps matériel peut mouvoir et interagir avec un autre corps matériel comme lui. Ainsi, le pied d’un joueur de foot peut frapper un ballon pour l’envoyer à un autre joueur ou vers le but. De la même manière, le ballon frappé par un joueur peut toucher le corps d’un autre joueur, il peut heurter la tête, la poitrine ou le visage d’un joueur.

Et puis qui affecte qui ? Est-ce que c’est l’âme qui affecte le corps ou est-ce le contraire ? Quand, par exemple, je ressens une certaine douleur à cause d’un accident, est-ce le corps qui souffre ou est-ce l’âme qui souffre ? Qui sent les choses ? L’âme ou le corps ? Si c’est le corps qui sent, alors pourquoi nous ne ressentons rien quand nous sommes seuls avec notre corps après la mort ? Nous avons nos sens, nous avons les yeux pour voir, les oreilles sont là pour entendre. Et tous les autres sens sont présents. Mais pourtant, nous ne sentons rien. Rien du tout. C’est comme si tous nos sens sont partis. Alors qu’ils sont là.

On pourrait donc envisager l’idée que l’âme toute seule pourrait sentir, se mouvoir. Et que tout ça dépend que de l’âme. Mais pourquoi alors avoir le corps ? A quoi sert-il? S’il ne sert pas à sentir, à bouger, à faire ceci ou cela. Et puis si l’âme est immortelle, pourquoi alors nous mourrons ?Pourquoi le corps meurt-il si l’âme elle est immortelle? Le mortel peut-il contenir l’immortel ? Est-ce possible ? Est-ce seulement le corps qui meurt ? Ou est-ce aussi l’âme meurt ? Où est-ce les deux ? Et puis meurent-ils en même temps ? Peuvent-ils mourir séparément ? L’une après l’autre ? Si l’âme est immortelle et que le corps est mortel, pourquoi l’âme cherche-t-elle à vivre dans un corps mortel alors qu’elle est immortelle ? Ne peut-elle pas avoir un corps lui aussi immortel ?

C’est à ces questions épineuses que le dualisme va se heurter ? Pour sortir de cette impasse, Descartes va avancer l’idée d’un point d’union entre le corps et l’âme chez l’humain. C’est ce point qui fait, selon le philosophe, l’union ou la connexion entre ces deux réalités différentes et distinctes. C’est cette glande qui transfère les affects du corps à l’âme et vice-versa. C’est au niveau de ce point que la substance pensante et la substance étendue se rejoignent. Avec la pensée, on peut connaître aisément la pensée. Plus aisément que le corps. C’est le « je pense » cartésien.

Mais cette position cartésienne et aussi platonicienne n’est pas aussi convaincante que ça. Car concrètement ce que nous voyons, c’est seulement un corps. L’âme est une substance métaphysique qu’on ne peut pas observer et faire l’expérience. Sur le plan scientifique, la science ne reconnait que la partie physique de l’homme. Ce constat scientifique va de pair avec la thèse atomiste qui défend l’idée que la réalité est entièrement atomique. L’atomisme rejette l’idée de l’âme et de l’existence des choses métaphysiques. Pour les tenants de cette position, l’homme est un corps mécanique qui fonctionne telle une machine. Ils nient catégoriquement la présence d’une « substance pensante » ou d’une quelconque âme dans le corps humain. C’est un corps qui s’anime lui-même d’une manière mécanique.

De son côté, Descartes reconnait qu’il est si difficile affectivement de séparer l’âme du corps. Les sensations qui dépendent de notre corps affectent aussi notre âme ou notre pensée. Je ne suis pas donc, comme le fait constater le philosophe, tel un pilote dans son navire. Le pilote se trouve dans son navire, il le pilote, le conduit. Il n’est pas le navire et le navire n’est pas lui. Le pilote et le navire sont donc deux choses séparées l’une de l’autre. Ce qui touche le navire ne touche pas le pilote et inversement. En effet, si le pilote tombe malade son navire ne sera pas malade. De la même manière, si le navire tombe en panne, le pilote ne sera pas en panne. Mais ce n’est pas le cas chez l’homme. Descartes avoue que c’est différent chez l’homme. La pensée de l’homme est intimement unie à son corps. Ce que le corps sent sera aussi senti par sa pensée. Si le corps est blessé, la douleur qu’il ressent affectera aussi son esprit comme si c’est l’esprit qui est blessé. Les deux choses sont confusément mélangées, mêlées à l’intérieur de l’homme.

CORPS ET IDENTITE

Comme on vient de le voir dans la partie précédente, le corps est une partie intégrante de nous. L’homme ne peut pas être séparé de son corps. Même Descartes qui a tenté de réduire l’homme qu’à sa dimension intellectuelle s’est vide rendu compte l’impossibilité de penser l’homme sans son corps. Pour la philosophie atomiste, l’homme n’est rien d’autre que son corps. Le corps nous constitue et nous définit au passage. Mon corps est l’incarnation de ma personne. De qui je suis. De ce que je suis. C’est mon identité. Le corps nous définit.

Et le visage est la partie de notre corps qui nous identifie le plus. Si sur la carte d’identité de la personne, c’est la photo de son visage qui est affiché, c’est parce que le visage est la vitrine de notre identité. Il est la porte d’entrée de notre identité. Et comme le dit si bien Levinas, le « visage parle ». Il dit quelque chose. Il signifie quelque chose. Et il dit surtout long sur nous. Il parle avec les émotions qu’il affiche : une émotion de joie, de tristesse, de colère, etc. Les expressions faciales traduisent des émotions profondes pour nous transmettre une connaissance intérieure sur notre semblable. Le visage exprime alors des états profonds de notre être. Comme le feuillage d’une plante nous informe sur l’état de la racine de celle-ci, le visage, de la même manière, nous dit beaucoup sur ce qui se passe dans la profondeur intime de l’être humain, de son être profond.

Il est évident que le corps constitue une partie essentielle de notre identité. Une bonne partie de notre identité est associée à notre corps extérieur. A ce propos, le corps détermine votre identité sexuelle. C’est votre corps qui va dire si vous êtres une femme ou si vous êtes un homme. Il suffit de regarder le corps d’une personne pour savoir directement son sexe et sa catégorie sexuelle. Le corps d’une femme se distingue de celui d’un homme. Sur le plan physique, une femme ne ressemble pas à un homme. S’ajoute à cela, la manière dont ce corps est habillée, la façon dont il apparait. C’est encore une fois le corps qui, par ses comportements, ses apparences, définit qui nous sommes. C’est à partir de mon corps qu’une certaine identité me sera donnée.

En effet, il possible de connaître et de juger l’autre à partir de son corps. C’est ce que fait le comportementaliste qui observe et décrypte les comportements des hommes pour pouvoir, par la suite, formuler certaines informations sur la personne. Le comportementaliste se focalise sur le langage du corps pour ses interprétations. Le langage du corps peut être exploité pour connaitre la personne qui parle. Ainsi, lorsqu’un accusé est interrogé, son langage corporel est bien attentivement analysé et tous ses moindres comportements et ses gestes sont scrupuleusement scrutés par les enquêteurs et les spécialités du body language. Tous ses faits et gestes, à savoir son regard, les expressions de son visage, les gestes de ses mains, la posture de son corps, tout est passé au peigne fin.

Le corps n’est pas seulement la marque de notre identité personnelle. Mais il marque aussi notre identité culturelle. Le corps nous renvoie aussi à une identité culturelle. Il appartient à une identité sociale en plus de notre identité individuelle. Notre corps sujet est aussi un corps social. Le milieu social auquel nous appartenons dresse notre corps d’une manière propre à lui. Ainsi notre corps acquiert dans son milieu social des comportements, une façon de se tenir, de marcher, de s’habiller, de parler, etc. A ce sujet, dans certaines sociétés musulmanes, la femme couvre intégralement son corps, de la tête au pied : au Yémen, à coté de nous, en Arabie Saoudite, etc.

Dans certaines sociétés traditionnelles, comme chez les Afars et les Somalis nomades, les hommes et les femmes marquent des blessures symboliques sur leurs corps. Pour beaucoup de femmes, ces marques et ces « scarifications », comme l’appelle Adoum Mbaiosso, constituent une « beauté physique », c’est une « chirurgie picturale » qui vise à embellir et à érotiser davantage le corps de la femme selon L. Strauss.

Culturellement parlant, ces marques imprimées sur le corps, et particulièrement sur le visage de la personne, signifie une sorte de « carte d’identité » culturelle permettant d’identifiant l’appartenance culturelle de l’individu et sa communauté d’origine. Ce sont des attributs culturels investis par la société sur le corps de l’individu dès son enfance.

Chez les hommes, les mutilations physiques marquent aussi la virilité et la force de l’homme. L’enfant masculin suit au moment du passage à l’âge adulte un certain nombre de rites de scarifications. Il est, par exemple, excisé. Une fois cette étape surmontée, il devient un vrai homme adulte et il accède à une vie sexuée. Il obtient par la suite le droit de se marier avec une fille de sa communauté et d’avoir une descendance. S’il ne réussit pas son épreuve, il ne pourra pas sortir de son état d’enfant asexuée et androgyne.

En effet, notre corps sujet est toujours soumis à une éducation culturelle. Il est aussi la propriété de notre milieu social. La société et la culture le marquent pour indiquer son appartenance sociale et culturelle. Et cette éducation commence très tôt, à l’âge de l’enfance. Car l’enfant est un individu encore neuf et sans identité. On éduque son corps, éduque son comportement, sa parole, son apparence. Sur le plan religieux, par exemple, très petit déjà, dans nos sociétés musulmanes, on nous apprend à prier, à aller à la mosquée avec les parents, à jeuner le ramadan et à aimer Dieu et aimer son prophète et faire ce qu’il nous demande de faire. On nous achète un petit tapis pour faire la prière. Et on nous donne après la prière en guise de récompense quelques bonbons, quelques gâteux ou biscuits.

Ainsi chaque société accorde une attention particulière au corps de ses individus. Comme le souligne Bourdieu, l’éducation inculquée au corps devient un habitus. Les comportements acquis par le corps socialement conditionné se perpétuent naturellement et d’une manière inconsciente comme s’ils étaient des dispositions ou des processus naturels et non conventionnels. Ces pratiques sociales telles que la manière d’être, de se tenir, de parler s’exécutent loin de la conscience et de la pensée de l’individu ; car elles sont intégrées comme des conduites naturelles et communes. Ainsi, selon Bourdieu, si les « injonctions sociales les plus sérieuses » s’adressent au corps, car ce dernier n’est pas capable de penser, de douter, de questionner et de remettre en question les injections reçues. C’est une entité inconsciente qui reproduit inconsciemment et mécaniquement les pratiques sociales moutonnières qui se sont durablement installées.

Cette dictature sociale n’est pas seulement propre à nos sociétés musulmanes ou à des sociétés encore traditionnelles voire même primitives. Si, dans certaines sociétés islamiques conservatrices, les femmes sont exigées de voiler l’intégralité de leur corps et de rester cloitrer dans leurs maisons au service de leurs enfants et de leurs époux, des conditionnements similaires sont aussi observables dans des sociétés démocratiquement très avancées telles que les sociétés occidentales. En occident, la norme est devenue la femme qui s’habille d’une manière légère voire même presque nue. Ainsi, une autre manière d’être de la femme n’est plus socialement tolérée. Il est ainsi inconcevable pour l’occident, et notamment en France, qu’une femme soit libre et en même temps voilée et musulmane. Une femme qui voile son corps est perçue automatiquement comme une femme soumise et sans liberté et donc une femme à libérer.

D’où la loi qui interdit en France le port du voile dans l’espace public. Si, dans nos sociétés conservatrices, la femme est exclue de l’espace public, ce n’est pas si différent pour la femme musulmane voilée en France qui est interdite de conduire, d’aller à l’école, à l’université… à cause de son voile et de sa manière de s’habiller. On a là un extrême contre un autre extrême. On est passé d’un extrême culturel à un extrême culturel. De l’extrême saoudien à l’extrême français.

Si la société attache une telle importance et une si grande intention à des détails, comme le reconnait Bourdieu, sans grandes significations concernant nos manières corporelles de se tenir et de se comporter, c’est parce que, comme le soutient le sociologue, la société cherche à soumettre l’individu à ce qu’il dit être un « arbitraire culturel » qui n’est pas toujours admis par la conscience humaine armée d’esprit-critique, de doute, tel le doute cartésien, de questionnement ou remise en question, à la Socrate. C’est pour soumettre le corps, ou ce que Nietzsche considère la « grande raison » et au passage la conscience, que la société recourt à une manière qui consiste à traiter le corps comme une mémoire passive à remplir des pratiques à reproduire d’une manière automatique. Ainsi, si la société ne réussit pas à soumettre l’esprit et la pensée libre et critique de l’homme, elle tente de s’approprier de son corps en l’incorporant à ses pratiques et ses exigences sociales et culturelles.

Il est donc aisé de disposer du corps de l’homme mais pas de son esprit. En reformulant légèrement le propos de Descartes qui avait écrit que le « l'esprit est plus aisé à connaître que le corps », disons que le « corps est plus aisé à déterminer que l’esprit. » C’est pourquoi la philosophie, avec Descartes, Pascal et d’autres, place la liberté, la dignité, la moralité, la civilisation, la connaissance de l’homme dans sa pensée et sa dimension rationnelle. Sans l’esprit, l’homme, tel un animal, sera un corps qu’on pourra disposer à sa guise. Ce sont les qualités intellectuelles de l’homme qui vont évoluer les mentalités et les pratiques dans nos sociétés et nos cultures. Si nos cultures changent, nos sociétés avancent, ce n’est pas que notre corps évolue, mais c’est parce que notre pensée progresse et se développe de plus en plus en nous une pensée libre et critique avec les développements de la philosophie, de la science, etc.

En ce sens, si dans plusieurs sociétés l’excision féminine est de plus en plus marginalisé et pénalisée par la loi, c’est parce qu’elle est considérée comme une mutilation génitale qui est dangereuse à la santé et à la vie de la femme à cause des terribles conséquences et des complications qu’elle entraine concernant la menstruation, la grossesse, l’accouchement, le traumatisme psychologique, la vie sexuelle... Elle est contraire à la santé mentale et physique de la femme, à la liberté de la femme de disposer de son corps, à la dignité humaine. C’est pourquoi elle est combattue ensemble par la médecine, la philosophie, la loi… C’est l’esprit qui nous libère de la société. Sans la raison humaine, des pratiques abominables telles que l’esclavage, le racisme, l’excision ne seraient jamais contestées et combattues pour être éliminées.

Ce n’est pas par hasard que Platon considère le corps comme un tombeau pour l’âme et pour l’esprit humain. C’est un obstacle qui en plus d’être utilisé et dressé par la société pour le déterminer et l’habituer à un mode de vivre propre à elle, peut être un obstacle à l’accès à la vérité, au savoir, à la sagesse, à la liberté, etc. Platon veut donc libérer l’âme de son habitacle corporel pour qu’elle soit capable de retrouver la vérité et le bien. C’est son idée sur le monde des Idées. Le monde charnel et corporel n’est pas le véritable monde que l’homme doit être, c’est le monde des Idées qu’il faut être pour vivre une vie pleinement humaine. Le corps est ainsi associé à un certain déterminisme social et culturel nuisible à l’esprit et au progrès civilisationnel de l’homme. Le corps n’est pas pour tous les philosophes, une « grande raison » comme le pense Nietzsche, mais il est, au contraire, par exemple pour Platon, une « grande prison ».

LE CORPS HUMAIN FACE A LA SCIENCE

Comme l’écrit Camus, quand il s’agit de la préservation de la vie de l’homme, « le jugement du corps vaut bien celui de l’esprit ». Comme l’esprit qui cherche à s’éloigner de tout ce qui pourrait nous nuire, le corps aussi fuit et recule devant la mort et l’anéantissement. La vie passe donc aussi par le corps. Vivre, c’est sentir. La sensation est propre à l’être vivant. Mais sans le corps aucune sensation n’est possible. Avec le corps, et notamment avec les organes sensoriels du corps, la sensation se fait : la vue, le gout, le toucher, l’ouïe. Une sensation intime, sentir le monde à travers son corps et se sentir soi-même avec son corps depuis son intérieur : sentir sa douleur, sa souffrance, sa joie, son plaisir, le battement de son cœur…

Le corps est aussi le moyen de notre substitution : Karl Marx, le travail est un acte qui se passe entre l’homme et la nature. Il utilise ses mains, son cerveau, ses pieds, ses yeux, sa langue, etc. Sans le corps, l’homme ne peut pas travailler. Il ne peut pas vivre. Quand nous avons un corps handicapé, il nous est difficile de travailler, de subvenir à nos besoins et aux besoins de notre famille. Et même nos désirs. Un homme qui a un corps handicapé, par exemple, un handicapé visuel ne peut pas piloter un avion.

Le corps a donc l’avantage de nous permettre de vivre, de travailler, de satisfaire à nos besoins, de sentir et d’interagir avec notre environnement. Mais il est aussi la marque de notre finitude. Avoir un corps vivant, c’est être condamné à mourir. C’est être condamner à la dégradation. Le corps n’est jamais éternel et immuable. Il est toujours changeant. Il est affecté par le temps qui passe. Il s’use avec le temps. Le travail, et surtout le travail moderne capitaliste, comme le montre Karl Marx, le tue aussi progressivement. Il se fatigue, se dégrade, se mortifie…Etant un organisme vivant, il n’est pas aussi à l’abri de la maladie, de l’accident. Il peut être infecté par des microbes –des virus, des bactéries- extérieures. On associe dès lors la mort et la finitude au corps alors que l’âme est imaginée comme une réalité immortelle. Avoir un corps, c’est donc avoir une fin, une mort, un anéantissement.

Pour faire face à la maladie, à la mort, pour assurer son instinct de survie, le corps de l’homme devient l’objet de la science. La science humaine cherche à améliorer la santé du corps humain. La biologie, et particulièrement la biotechnologie, a réalisé des gros progrès positifs dans ce domaine. La science médicale a réussi à améliorer grandement en si peu de temps la santé de l’homme. Elle a éradiqué entièrement ou partiellement plusieurs maladies graves qui faisaient ravages dans le monde telles que la rougeole, le polio, la tuberculose (éradiquée de l’Occident mais encore présente dans plusieurs autres régions du monde), le paludisme (qui tue encore), le sida (qui tue moins qu’avant avec les nouveaux traitements), etc.

La science médicale travaille aussi sur la manière d’améliorer et de corriger certains handicaps du corps. Beaucoup d’hommes et de femmes souffrent dans le monde des handicaps physiques ou mentaux : des handicaps de la vue, de l’ouïe, des membres, etc. Certains de ces handicaps sont naturels alors que d’autres sont les résultats des accidents de la vie (accident routier, au travail, sportif…), de la guerre (mine, arme, lors d’un combat, etc.). Pour réparer les organes ou les parties du corps endommagés, la science recourt à des greffes à partir des organes humains provenant d’un autre corps humain : le corps d’une personne morte et qui a fait don de ses organes pour sauver des vies. Des organes qui vont être transplantés dans d’autres corps. On peut ainsi voir un père qui donne à sa fille victime d’une insuffisance rénale un de ses deux reins. Quand la transplantation des organes humains ne sont plus possibles, soit parce qu’il y a un grand risque de rejet, ou soit aucun organe n’est disponible, il est possible de recourir à des implants de prothèses artificiels.

Mais, dans notre monde actuel, la médecine ne soigne pas seulement, mais elle devient de plus en plus décoratrice. La chirurgie esthétique explose ces dernières années. De plus en plus de femmes et d’hommes qui se disent souffrir des petits défauts ou des certaines complexes recourent à la médecine et particulièrement à la chirurgie esthétique. Des chirurgies qui touchent toutes les parties du corps, les zones les plus visibles aux zones les plus intimes, à savoir le nez, les dents, les lèvres, les poitrines (principalement les femmes), le ventre, les postérieures et même les parties génitales…

En effet, dans nos sociétés actuelles de plus en plus libres, les hommes deviennent les maîtres de leurs corps. Même si le corps humain est soumis à la loi qui interdit dans certaines conditions certains comportements comme par exemple le fait de vendre certaines parties de son corps contre le gré ou du bon gré de son propriétaire. C’est en ce sens que la loi interdit aussi de louer son corps : comme par exemple la prostitution.

LE CORPS

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