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BLOG DE PHILOSOPHIE
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7 avril 2020

TEXTE DE SCHOPENHAUER

 

       EXPLICATION DU TEXTE DE SCHOPENHAUER

 

  « Tout vouloir procède d’un besoin, c’est-à-dire d’une privation, c’est-à-dire d’une souffrance. La satisfaction y met fin ; mais pour un désir satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus le désir est long, et ses exigences tendent à l’infini ; la satisfaction est courte, et elle est parcimonieusement mesurée. Mais ce contentement suprême n’est lui-même qu’apparent : le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir ; le premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue. La satisfaction d’aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C’est comme l’aumône qu’on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa misère jusqu’à demain – Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à l’impulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu’il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n’y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, c’est en réalité tout un : l’inquiétude d’une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu’elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or, sans repos le véritable bonheur est impossible. Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner ; aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré » 

                                                               

                                                                                               Schopenhauer

 

 

Dans ce texte de Schopenhauer, il est question du désir. Le philosophe s’intéresse précisément à la question relative à la souffrance liée au désir. Il se demande si l’homme peut accéder au bonheur par la satisfaction de son désir?

On associe communément le bonheur à la satisfaction du désir. Mais, conforme à sa conception pessimiste de la vie humaine, le philosophe cherche à montrer dans cet extrait que le désir est la cause du malheur de l’homme en étant responsable d’une insatisfaction permanente et d’une trouble sans cesse. Selon lui, la satisfaction du désir ne peut pas cesser le malheur et ne peut pas être la condition d’une vie heureuse.

Le texte se divise en trois parties : la première partie montre le lien entre le désir et la souffrance. Dans la partie suivante, l’auteur propose des arguments pour convaincre son lecteur que la satisfaction ne peut pas supprimer définitivement la souffrance du désir. Dans la dernière partie, l’auteur s’efforce de montrer que l’homme ne peut pas accéder au bonheur avec le désir.

 

Au début du texte, Schopenhauer commence par nous proposer sa définition du désir. Le désir est définit par le philosophe comme un besoin. Il écrit que « tout vouloir procède d’un besoin ». Est désir alors ce mouvement qui nous conduit à poursuivre l’objet de notre besoin. Cet objet peut être soit un objet matériel et donc réel, soit un objet imaginaire qui n’existe pas dans le monde réel. Il convient de noter que l’auteur ne précise pas ce qu’il entend par besoin ici, il ne distingue non plus ici le besoin du désir.

Désirer, c’est donc éprouver un besoin. Ce besoin pourra concerner un objet. On pourra ainsi désirer un téléphone. Mais le désir pourra aussi porter sur un être. Le désir d’un ami, d’un amour. Quelque soit l’objet sur lequel porte notre désir, le désir nous laisse dans une situation de manque. L’objet dont j’ai besoin d’avoir me manque. Je me sens donc privé de cet objet qui me manque. Le désir est ainsi une expérience négative, une sensation de privation, de manque.

Mais cette privation n’est pas sans conséquence. Elle laisse en nous une sensation douloureuse. Une souffrance. L’homme quand il n’a pas ce qu’il désire, il éprouve une sensation de douleur. Le désir nous affecte donc sur le plan émotionnel : c’est une privation qui me fait mal, qui me rend malheureux. L’auteur veut ici nous montrer le lien étroit entre le désir et la souffrance. La souffrance est associée ici au désir insatisfait. Désirer, c’est donc souffrir pour Schopenhauer. Le manque né du désir est source de souffrance et de douleur pour celui qui désire.

Impossible donc de désirer sans souffrir. Désirer, c’est souffrir. Désirer, c’est s’inquiéter de l’obtention de l’objet désiré. Le désirant s’inquiète de s’il sera capable de satisfaire son désir, s’il aura le pouvoir de réaliser son désir, de regrouper tous les moyens nécessaires pour avoir ce qu’il veut. Tant que cette inquiète dure, la souffrance sera ressentie. De plus, le fait de voir les autres s’offrir ce qui me manque multiplie ma douleur et ma souffrance. Je me sens privé de ce que les autres possèdent. Je vis ça douloureusement comme une discrimination. 

Pour arrêter cette souffrance, le désirant se lance à la quête de ce qui lui manque. Il va tenter de donner satisfaction à son désir. Seule l’obtention de l’objet désiré mettra ainsi fin à la souffrance issue du besoin. La satisfaction supprime le manque éprouvé et ainsi la privation. L’objet ne me manquera plus. Mon besoin est là auprès de moi. Il n’y a plus lieu de souffrir. Par exemple, si un élève désire avoir réussir son bac pour pouvoir par la suite aller à l’université, son inquiétude cessera le jour où il aura son bac.

La satisfaction ne s’arrête pas seulement à effacer le manque. Elle nous apporte aussi une jouissance. On éprouve une sensation de plaisir après l’obtention de l’objet désiré. On se sent heureux d’avoir satisfait son désir, d’avoir réussi à obtenir ce qu’on voulait avoir. La satisfaction est la plus excitante au premier contact avec l’objet désiré. On passe des moments agréables en compagnie de l’objet. C’est un plaisir de l’avoir avec nous. Il égaie notre journée. On savoure seul le plaisir du désir satisfait. On saute de joie. On court de joie. On pleure même de joie. On est joyeux. Heureux. On oublie notre souffrance d’avant. Une souffrance de longue date.

Ensuite, l’envie de partager ce plaisir avec les autres nous torture la tête. On passe à l’acte. On partage ce plaisir avec les proches : les amis, la famille. Et au-delà. Pas besoin de monter sur une montagne pour l’annoncer à tout le monde. Aujourd’hui, on a facebook. On a les réseaux sociaux. C’est eux qui font faire l’affaire. On publie des photos de cet objet qui fait notre plaisir. Je me photographie fièrement l’objet entre mes mains comme un trophée. Et ça ferra plaisir à nos proches et nos amis.

 

Mais reste encore à savoir si ce plaisir est durable ? La satisfaction d’un désir peut-elle nous rendre totalement heureux ? Peut-elle anéantir définitivement la souffrance ? Faut-il craindre une nouvelle souffrance ?

Pour Schopenhauer, la satisfaction du désir ne peut pas mettre fin totalement au désir et à la souffrance de l’homme. C’est cette idée qu’il argumentera dans la deuxième étape de son texte.

L’auteur montre d’abord que la satisfaction d’un désir ne signifie pas la satisfaction de tous nos désirs. Lorsqu’un désir est satisfait, l’auteur écrit qu’ « au moins dix autres sont contrariés ». Ainsi, quand on est satisfait sur un plan, on est frustré sur plusieurs autres plans. La satisfaction se limite donc à un seul désir. Or, le désir de l’homme ne tourne pas autour d’un seul objet. L’homme ne poursuit pas un désir singulier mais un désir pluriel. Il désire une multitude de désirs. Des désirs très variés. Il ne peut aucunement satisfaire d’une manière totale et finale son désir. Il s’agit donc ici d’une satisfaction locale et ponctuelle. Il sera obligé de satisfaire ses désirs un à un, l’un après l’autre, quelques-uns et jamais tous les désirs.  

Dès lors, l’homme ne peut pas satisfaire d’un seul coup tous ses désirs. Parce qu’il ne dispose pas la puissance nécessaire pour réaliser tous les désirs une seule fois. Il satisfait ses désirs selon les moyens à sa disposition. Il satisfait désir après désir. Limités par ses moyens, il ne peut réaliser chaque moment qu’un seul désir ou quelques désirs tout au plus. Il va falloir donc faire un choix. Et, après délibération, le sujet désirant choisit le désir à satisfaire.

A titre d’exemple, un employé fraichement recruté qui vient de toucher son premier salaire pourra s’offrir un ou au plus quelques objets de son désir. Son premier salaire, même s’il est bien payé, ne lui donnera aucunement la possibilité de donner satisfaction à tous ses désirs. Il pourra réaliser un ou deux désirs. Les restes doivent attendre les prochains mois ou les prochaines années. La satisfaction du désir ne peut être, en effet, que limitée. Elle ne peut pas être générale et totale. Elle ne peut pas donc supprimer définitivement la souffrance.

La relativité n’est pas le seul défaut de la satisfaction du désir. Un autre de ses défauts est relatif à son rapport avec le temps. La satisfaction est très limitée dans le temps. Elle est très courte comme le montre l’auteur. L’objet que nous avons désiré et qui avait suscité en nous au début un grand plaisir se vide avec le temps de sa jouissance. Peu à peu, le plaisir éprouvé perd de son intensité. Peu de temps après, la satisfaction devient de l’histoire ancienne. Car avec le temps, on se familiarise avec l’objet, il devient de plus en plus banal et de moins en moins attractif. Il ne nous fait plus plaisir comme avant. 

Schopenhauer illustre son argument avec l’exemple sur l’aumône donné au mendiant. Il compare la satisfaction que le désir nous procure à l’aumône qu’on jette à un mendiant pour lui sauver aujourd’hui et prolonger sa misère à demain. De la même manière, la satisfaction nous sauve de la souffrance d’aujourd’hui avec la possession de l’objet désiré, mais elle ne nous sauve pas certainement de la souffrance de demain. C’est une satisfaction sans lendemain comme l’aumône sans lendemain. L’aumône n’éradique pas la misère du mendiant. Pareille pour la satisfaction. Elle ne peut pas régler véritablement la douleur du désirant.

Par ailleurs, pour maintenir la satisfaction et éviter de replonger dans la souffrance, l’homme se lance à la satisfaction d’un autre désir. Un nouvel objet attire notre attention. Le désir se dirige vers une nouvelle chose. L’ancien désir se trouve remplacé par un nouveau. Ce nouveau désir peut être le résultat de l’ancien. Par exemple, je voulais avoir un téléphone de marque Nokia. Je l’ai eu. Et maintenant, je pense que la marque Samsung est meilleure. Je veux donc maintenant un nouveau téléphone de cette marque. Ce nouveau désir résulte du premier. Mais on peut aussi désirer de l’ancien. Un ancien désir peut refaire surface. Il a été recalé une ou plusieurs fois. Il se montre de nouveau. Il se fait sentir, fait souffrir. Et avec ce nouveau désir, on retombe dans le cycle du manque et de la privation. Le manque revient. La privation se répète. On retombe dans la souffrance.

 

L’homme est-il éternellement condamné à souffrir toute son existence ? Ne peut-il vivre une vie heureuse avec son désir ?

Schopenhauer est convaincu que la souffrance est liée au désir. Il est, selon le philosophe, le résultat de notre vouloir. Tant que le vouloir est le moteur de la vie humaine, pense-t-il, l’homme sera toujours confronté à la souffrance. Tant qu’il est l’esclave de l’ « impulsion du désir », Il ne connaîtra jamais le bonheur. Son âme sera toujours troublée et inquiète. « Vouloir, c’est pouvoir » disait le célèbre proverbe français. Mais « vouloir, c’est souffrir » semble vouloir dire ici Schopenhauer. Qui veut souffre alors.

Par vouloir, l’auteur n’entend pas une volonté libre issue d’une délibération libre et d’un choix librement décidé, mais d’un vouloir qui résulte d’une « impulsion naturelle » qui nous pousse vers un objet indépendamment de notre liberté. C’est pourquoi il n’est pas impossible de voir des personnes qui désirent ce qui est contraire à leur bien et être l’esclave des désirs ayant des conséquences très mauvaises pour eux. Nous sommes donc condamnés à désirer sans cesse : cela fait partie de notre propre nature humaine. Nous désirons sans cesse dans l’espoir de se libérer de la souffrance sans pour autant pouvoir interrompre ce mouvement naturel qu’est le désir et de se séparer de cette impulsion désirante.

Dès lors, si tel est la réalité de l’homme, sa recherche du bonheur ne peut être qu’illusoire. C’est un vain espoir que de gouter au bonheur par le désir qui est l’épouvantail qui chasse l’expérience d’une vie heureuse. La plénitude et le repos semblent bien nous être inaccessibles : le malheur et la souffrance sont nos seules compagnies dans cette vie humaine imparfaite. D’où notre perpétuel espoir à un idéal de bonheur.

Pour l’auteur, impossible donc de connaître le repos et le bonheur avec le désir. En reprenant une conception antique du bonheur envisagé comme repos et « absence de trouble de l’âme et du corps » le philosophe semble être convaincu que le périple du désir interdit à l’homme la possibilité d’une vie comblée et sereine. Le bonheur est, selon lui, impossible pour le sujet du désir. Le désir est la poursuite d’un bonheur illusoire que le sujet désirant espère atteindre mais qui est en dehors de sa portée et qui lui est impossible.

Car tout ce que l’homme peut avoir avec son désir, c’est « l’inquiétude d’une volonté toujours exigeante ». Une volonté qui est troublée par la poursuite ou la fuite du désir et la crainte qui accompagne tout désir. Or celui qui vit dans la crainte issue du désir ne peut pas vivre une vie heureuse indemne de trouble. Le désir nous trouble sans cesse : il trouble en permanence notre conscience. La conscience de celui qui désire est toujours en trouble : elle s’inquiète de son désir, de sa satisfaction, de ce qu’il faut poursuivre et ce qu’il faut fuir. Elle ne peut jamais être dans un état de repos total, car elle est toujours entre deux contradictions troublantes. D’un côté, elle espère quelque chose du désir, une jouissance quelconque qui n’est pas toujours sûre. De l’autre, elle éprouve des « craintes continuelles » que fait naître le désir. Le désir est donc synonyme pour le sujet de trouble, d’inquiétude. Et l’auteur conclut que « sans le repos le véritable bonheur est impossible ». Pour celui qui est soumis au désir, « aucun contentement durable et inaltéré » ne peut être espéré.

 Il est à noter aussi que la position que soutient Schopenhauer ici n’est pas nouvelle. C’est une idée ancienne qui remonte de l’antiquité comme l’illustrent ces exemples provenant de la mythologie Grecque : Ixion, les Danaïdes et Tantale. A ce propos, avec l’exemple des Danaïdes, le désir est assimilé à la tentative de remplir des tonneaux percés de derrière. Un but, à l’évidence, impossible à réaliser. Tout ce qu’on y met sors de derrière. Et les tonneaux se vident aussitôt remplis. Cet exemple illustre le caractère insatiable du désir. Le désir, tel le tonneau percé, ne se remplit pas. Telle la roue qui tourne sans cesse, la vie du désirant est un tourment sans fin. Schopenhauer s’appuie sur ces exemples antiques pour symboliser le cycle infernal du désir.

Quelle solution alors ? Fidèle à sa philosophie pessimiste, Schopenhauer avance comme solution à cette souffrance l’abolition du désir. Compte tenu de ses arguments précédents, il laisse entendre la nécessité de mettre fin au désir pour mettre fin à la souffrance inhérente à celui-ci. Le philosophe essaie de convaincre son lecteur que la suppression de la souffrance dépendra de la suppression du désir. Pour vivre une vie sereine, il faudrait donc couper le mal à sa racine. Il faudrait supprimer la source de cette souffrance, ici le désir. Si on supprime le vouloir, on serait capable alors de venir à bout de notre souffrance, du trouble et de l’inquiétude qui nous guettent avec le désir.  

Comme le soutient ici l’auteur, le désir ne peut donc être une solution efficace contre la souffrance de l’homme. Certes, il nous permet d’interrompre un moment la souffrance mais il ne peut jamais la détruire complètement. Si le désir n’est pas capable de nous libérer définitivement de la souffrance, pourquoi alors continuer à désirer se demande l’auteur. C’est une solution ascétique qu’entend proposer donc Schopenhauer dans ce texte. L’ascétisme est une pensée philosophique qui préconise la vie sans désir. Une vie purifiée de toute volonté désirante. C’est une pensée, pense l’auteur, qui nous mettra à l’abri du trouble que laisse le désir en nous. L’ascétique n’a pas de désir. Il ne désire rien. Il vit une vie sans désir. Une vie ascétique. Il se libère ainsi de la souffrance et de la tourmente associée au désir chez le désirant.

Schopenhauer est un philosophe connu pour son admiration pour le bouddhisme. C’est une religion dans laquelle l’ascétisme est très importante et très suivie. C’est ce qu’on voit quand on observe des moines modestement vêtis et qui dépendent pour vivre uniquement des offrandes offertes par les fidèles. Leur seule nourriture est celle offerte par les fidèles qui viennent au temple pour prier. Ces moines se sont libérés de tous leurs désirs. 

 

Mais peut-on véritablement se passer du désir ? Le désir n’est-il pas, comme le définit Spinoza, l’essence même de l’homme ? Une vie sans désir est-elle vraiment humaine? Une conception du désir moins pessimiste que celle de Schopenhauer est-elle envisageable ?

Avec Spinoza, on pourra objecte à Schopenhauer que le désir est le moteur de la vie humaine. Tous les progrès réalisés par les hommes jusqu’à aujourd’hui sont rendus possible par le désir. Sans le désir, rien de grand ne pourra se faire comme disait Hegel. On vivra une vie pauvre. Même si le désir est source de souffrance pour l’homme, on ne doit pas jeter l’enfant avec le bain. Supprimer le désir, c’est supprimer des moments agréables à vivre avec le désir. C’est se priver du bonheur dont le désir est le générateur. Une vie sans désir ne peut être une vie vivante. Supprimer le désir, c’est avoir une vie pauvre. C’est vivre dans l’ennui, dans l’inertie. Celui qui ne désire plus, c’est comme quelqu’un qui est mort. Il n’a pas d’ambition, de projet de vie, etc. Sa vie stagne. C’est une vie stoppée.

De plus, le manque n’est pas une souffrance de chaque minute. C’est une petite frustration que nous ressentons d’un moment à l’autre. On pourrait même soutenir avec Rousseau que le désir est une opportunité pour pouvoir rêver. Rousseau pense qu’avec le désir, on peut être heureux imaginairement. Le manque nourrit l’espoir de posséder bientôt l’objet de notre désir. On peut le voir plutôt agréablement si on est une personne optimiste. Si on est quelqu’un d’esprit positif.

Rousseau ira même jusqu’à penser que la satisfaction imaginaire qui précède la vraie satisfaction est beaucoup meilleure que celle réelle. Avant l’obtention réelle de l’objet désiré, on imagine sa future satisfaction, on l’imagine très intense, très colorée, très riche. On sait que l’imagination n’a pas de limite. Rousseau dira même que la satisfaction ressentie au moment de l’obtention viendra gâchée la jouissance imaginaire dans laquelle on se trouvait. Le malheur n’est pas donc à celui qui désire, comme le pense Rousseau, mais il est à celui qui ne désire rien. « Malheur à celui qui ne désire plus » écrit le philosophe en ce sens. 

Avec Sartre aussi, il est possible d’envisager le désir comme synonyme d’invention, de liberté. Le désir est un perpétuel mouvement qui nous sauve d’être enfermé dans une situation invariable et monotone. Avec le désir, le sujet exerce sa liberté de désirer, de choisir librement. Le désir nous libère donc de la nature, de ce que nous sommes, de notre être. Il est possible de désirer ce qu’on veut, d’être qui on veut être, avoir ce qu’on veut avoir. Sans le désir, la vie de l’homme n’est-elle pas plus ennuyante et sans valeur. Désirer, c’est une liberté, c’est la chance de vivre une existence façonnée par notre désir. Or sans liberté, aucune possibilité d’être heureux.  

 

 

Le désir est-il le bonheur de l’homme ? Où est-il associé au malheur de l’homme ? C’est ce problème philosophique sur le lien entre désir et bonheur qui était l’objet de la réflexion de Schopenhauer dans ces lignes. Le texte avance la thèse qui soutient que le désir est la souffrance de l’homme. Et, pour l’auteur, la satisfaction du désir n’est ni durable ni totale. Ce qui explique la souffrance de l’homme. Fidèle à sa philosophie ascétique, Schopenhauer propose la suppression du désir pour vivre une vie sans souffrance.

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