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BLOG DE PHILOSOPHIE
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30 avril 2020

LE LANGAGE

               

LANGAGE SIGNES

               LE LANGAGE

 

I. Le langage, un instrument de communication

Le langage est une faculté humaine de pouvoir parler. C’est un pouvoir inné chez l’humain mais aussi chez l’animal. Le langage est donc une disposition naturelle et universellement humaine. Chaque humain possède la capacité de parler, de s’exprimer, de communiquer.

Mais, pour communiquer, pour se comprendre, les hommes ont besoin de langue. Sans la langue, le langage ne peut pas se réaliser. Pour communiquer, les hommes établissent donc un ensemble de codes linguistes, de signes (naturels ou conventionnels) sonores, graphiques (F. Saussure). Ainsi, chaque société, chaque culture se caractérise par sa langue ou ses langues (comme, par exemple, la société djiboutienne qui parle plusieurs langues : afar, somali, arabe, français.) C’est pour cela qu’on dit que les langues sont particulières, sociales, culturelles. Il n’existe pas une langue universelle. C’est aussi par la langue que nous assimilons notre culture ou les cultures des autres sociétés (Levis. Strauss).

En effet, chaque individu parlant doit apprendre la langue de sa société pour pouvoir communiquer avec les membres de son groupe social. Toutefois, il convient de souligner que chaque individu pratique sa langue à sa façon particulière, il parle singulièrement dans sa langue. Chaque parlant a donc son style propre à lui pour parler (écrire) sa langue. Car il est possible de combiner les signes linguistes d’une manière infinie.

Le langage permet à l’homme de communiquer avec les autres et de sortir de sa solitude. Avec le langage, et seulement avec le langage, on arrive à dire aux autres nos pensées, ce que nous pensons, nos idées, nos opinions, nos avis, etc. Il nous permet de transmettre nos pensées aux autres et en contre partie de connaître les leurs, ce qu’ils nous communiquent de leurs pensées. Avec le langage, il est aussi possible de communiquer nos sentiments, ce que nous ressentons à l’intérieur de nous, de partager avec eux notre vie affective. Rousseau pense même que le langage à commencer avec les passions : ce sont, selon lui, nos premières passions (peur, colère, souffrance…) qui nous ont arrachés nos premiers sons (cris).

II. Le langage, une spécifité humaine

En observant la communication animale, on pourrait penser que les animaux parlent comme nous. Mais les animaux parlent-ils vraiment ? L’animal a-t-il véritablement un langage ? Pour Descartes, la réponse est non. Pour ce philosophe, le langage est une spécifité purement humaine. En effet, seul l’homme parle réellement car il est le seul qui pense. En comparant la communication animale et celle humaine, on peut établir que les animaux n’échangent pas véritablement des messages comme les hommes. Ils répondent le plus souvent les messages communiqués par des actions, des activités.

De plus, l’animal ne possède qu’un nombre très limité de signes, pourvu biologiquement et instinctivement, contrairement à l’homme qui, lui, établit conventionnellement un ensemble de signes et de codes très riches et très complexes afin de bien communiquer. D’un côté, il y a la communication animale qui demeure très limitée, innée, instinctive, et donc figée (inchangée). De l’autre, il y a le langage humain très développé, culturel, conventionnel, qui évolue, s’enrichit, se complexifie, et qui nécessite un apprentissage sérieux, durable et intensif afin de le bien maitriser.

III. Langage et pensée

Les hommes ont besoin d’une langue développée et articulée pour pouvoir exprimer correctement leurs pensées… Le langage sert donc à extérioriser le contenu mental de l’humain pensant. Sans le langage, l’homme ne peut pas communiquer sa pensée avec son semblable. Il faudrait donc le langage pour penser, mais aussi pour partager sa pensée (Descartes). En ce sens, Bergson affirme : « c’est avec les mots que nous pensons ». Car sans les mots, nous ne pouvons pas vraiment formuler une pensée claire et complète. La pensée est ainsi un discours intérieur, un monologue avec soi et donc un langage intérieur. Rousseau a très bien vu cette intimité entre langage et esprit. Il souligne qu’il est nécessaire de bien penser pour bien parler, et de bien parler pour bien penser. Sans pensée, on ne peut pas dire une parole consciente et sensée, et sans parole, sans un langage intérieur, on ne peut pas aussi penser efficacement et rapidement.

Mais notre langage peut-il parfaitement dire ce que nous pensons (ou ce que nous ressentons) ? La réponse est négative. Car la pensée est jaillissante, continuelle, illimitée, alors que notre langage est inversement limité, découpé en mots, en signes particuliers. Le langage doit donc découper, morceler, atomiser notre pensée pour pouvoir la transcrire en mots, signes et codes (Nietzsche). Le langage appauvrit donc la richesse de notre esprit.

De plus, notre vie psychique est personnelle, intime, notre émotion est imprégnée de notre personnalité, de notre intimité. Mais le langage transforme notre vie mentale personnelle en une chose impersonnelle, notre émotion en une émotion impersonnelle. En effet, le langage impersonalise le personnel, généralise le singulier. Il pourrait constituer donc un masque, un voile entre moi et mon interlocuteur, car ce dernier ne peut saisir de moi que de la partie superficielle, sociale de mon moi. Le langage serait en effet incapable de réaliser une parfaite et profonde communication entre les hommes, et par conséquent, il serait impossible de parvenir à une compréhension totale avec les autres.  

IV. Langage, division et domination

Même si  le langage nous est d’une très grande utilité, il convient tout de même de souligner sa limite. Les hommes n’usent pas le langage positivement et toujours dans le bon sens. Puisque le langage nous permet d’échanger nos idées, nos opinions, il nous permet par conséquent d’influer sur les pensées des autres. Il est possible de détourner le langage de son usage naturel pour un usage dangereux. On peut recourir au langage, à la rhétorique, à la persuasion pour changer les pensées des autres. Le langage ne se limite pas donc seulement à la communication, il est aussi un moyen pour agir sur les autres.

L’exemple le plus actuel, le plus concret est celui concernant le terrorisme. Les idéologues des organisations terroristes réussissent à travers la communication (les vidéos postées sur internet…) d’embrigader des jeunes musulmans voire même des adultes. Ils leur déprogramment de leur désir de vivre leur jeunesse, de leurs projets, de leurs sociétés, de leurs familles, pour ensuite les reprogramment sur des idéologies terroristes : sur la haine de l’autre, de la vie, sur l’amour de la mort, de l’anéantissement, de l’assassinat, du crime, du sang…. Ces jeunes idéologiquement embrigadés, intellectuellement lavés, partent se faire exploser dans des mosquées tuant leurs coreligionnaires, dans des hôtels tuant leurs compatriotes, dans des avions, des trains tuant des humains innocents…. Ils deviennent des bombes à tuer, des bombes à anéantir….

Les langues peuvent aussi éloigner les hommes les uns des autres. Nos cultures nous emprisonnent dans des langues culturelles fermées. Elles nous isolent des autres, nous enferment dans un monde déjà façonné par notre langue. De cette différence de langues découlent les préjugés, la méfiance, l’incompréhension, la distance….  Nous préjugeons ceux qui ne parlent pas la même langue que nous, ceux qui ne parlent pas notre langue. Nous nous méfions d’eux, nous les pensons distants de nous, différents de nous. Cette distance et cette méfiance seront amplifiées par l’incompréhension qui règne entre eux et nous. Nous ne les comprenons pas parce que nous ne pouvons pas communiquer avec eux directement. Les langues se multiplient et avec eux les frontières linguistiques entre les hommes, l’incompréhension, la méfiance, les préjugés, les amalgames, la confusion.

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