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BLOG DE PHILOSOPHIE
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8 mars 2018

L'homme est-il maître de tout ce qu'il fait?

            L’homme est-il maître de tout ce qu’il fait ?

 

L’homme est un être conscient de ce qui est, de ce qu’il est et de ce qu’il fait. Il a conscience de ce qui est, de son entourage, de la réalité sensible. Avec la conscience de soi, il a connaissance de son être, de son identité, c’est-à-dire de ce qu’il est lui-même. Dans ses actes, il sait ce qu’il fait, il est présent à ses actes, les bons comme les mauvais, les justes comme les injustes, ses actes réussis comme ses actes non aboutis. Mais cette connaissance dont l’homme dispose vis-à-vis de ses actes, le fait qu’il sait ce qu’il fait, le fait d’être capable de juger et d’évaluer ses actes, est-ce suffisant pour dire qu’il est maître de tout ce qu’il fait ? Peut-on véritablement maîtriser tous nos actes ? Tout ce que nous faisons dépend-il toujours de notre décision et de notre volonté ? Notre liberté n’est-elle pas limitée pour nous permettre de tout déterminer par nous-mêmes ?  

 

L’homme se singularise par sa conscience. Une faculté qui lui donne la possibilité de connaître maintes choses. Etant un sujet conscient, il a une connaissance de ce qu’il fait. Il est présent à son acte au moment de son accomplissement, il sait qu’il agit, qu’il fait un acte. On dit qu’il a conscience de ce qu’il fait. On dit que ses actes sont conscients. Par exemple, si un élève tente de tricher en plein examen, cet élève sait ce qu’il est en train faire, il sait qu’il triche. S’il est surpris par le professeur qui surveille l’examen, il ne pourra pas dire qu’il ne sait pas qu’il triche. L’homme a donc une connaissance de ce qu’il fait. La conscience accompagne son agir.

L’homme sait ce qu’il fait, mais il sait aussi les valeurs de ses actes. Lorsqu’on agit, on doit interroger la valeur de chacun de nos actes. Car les actes n’ont pas les mêmes valeurs. Sur le plan moral, un acte peut avoir une valeur morale négative ou positive. Un acte est considéré moralement bien lorsque sa valeur morale est positive. Si sa valeur morale est négative, elle sera un acte mal. Si l’homme décide de faire un acte moralement mauvais, il sera responsable de son acte, parce qu’il sait la valeur de son acte, il sait qu’il ne devrait pas faire cet acte, mais malgré tout ça il a choisit de le faire en toute connaissance de cause. C’est pourquoi l’homme est jugé responsable de tout ce qu’il fait moralement (et légalement). Quand il fait un acte, il sait si l’acte en question est moralement acceptable ou pas, si l’acte qu’il veut accomplir est légalement autorisé ou pas. Et puis c’est à lui de décider d’accomplir ou pas son acte. Il a donc le choix. Tout dépendra de sa décision et de son choix. Il peut choisir de le faire, comme il peut choisir de ne pas le faire en étant conscient de son choix et de son acte.

De ce fait, ce qu’il fait n’est pas automatique et instinctif comme chez l’animal. L’animal est un être qui, contrairement à l’homme, n’a pas conscience de ses actes. Il n’est pas un être libre qui a un pouvoir sur ce qu’il fait. Par exemple, si un animal a faim et qu’il voit sur la table d’un restaurant un plat, mu par son instinct naturel de survie, il ira manger ce plat, il ne pourra pas s’abstenir de le manger. Il n’a pas le choix. Au contraire, l’homme a le choix de s’abstenir ou pas. Même s’il mange, il pourrait ne pas le manger, il a le choix entre manger ou ne pas manger ce plat. Le choix à faire dépend donc directement de lui ; c’est lui qui décidera de manger ou pas ce plat.  Il est ainsi maître de son choix, de sa décision. D’où le remord après la conséquence négative de son acte. On regrette parce qu’on sait qu’on pouvait ne pas le faire, que le résultat serait autre que ce qu’il maintenant si on avait agit autrement. Si rien ne dépendait de nous, si l’acte était nécessaire, si le résultat ne pouvait pas ne pas être autre que ce qu’il est maintenant, comment alors expliquer le regret, le remords, ce sentiment d’avoir mal agit ?

On peut donc dire que l’homme est un être libre, qu’il a un pouvoir sur ce qu’il fait. Mais est-il totalement maître de tout ce qu’il fait ? S’il semble être le maître de ce qu’il fait, comment expliquer ces actes que nous accomplissons mais que nous n’avons pas pleinement conscience. Que dire de nos actes manqués. Que dire de nos lapsus. Sommes-nous véritablement conscients de tout ce que nous faisons et de tout ce que nous disons ?

Pour être totalement maître de tout ce qu’on fait, il faut avoir conscience pleinement de chacun de nos actes. Or nous n’avons pas toujours conscience de nos actes. Certains de nos actes échappent directement à notre conscience. C’est ce que tente de montrer Freud, le père fondateur de la psychanalyse, dans sa théorie de l’inconscient. Notre psychisme n’est pas entièrement conscient selon le psychanalyste. Il est en partie inconscient. Ainsi, notre conscience ne maîtrise pas la totalité de notre psychisme. Nous n’avons conscience donc qu’une toute petite partie de notre vie psychique. C’est pourquoi une partie de nos actes nous est étrangère. Ces actes inconscients ne peuvent pas être totalement sous le contrôle du sujet conscient. En partie inconscient, l’homme n’est donc maître qu’une partie de ses agissements et de ses actes, seuls ceux qui résultent de sa conscience et de volonté. En ce sens, Descartes en voyant qu’il avait un amour pour les filles louches se demande le pourquoi de cet amour pour les filles qui louchent. Et il s’aperçoit que la première fille qu’il avait aimé était louche, et que cet amour vient de son enfance.

Mais il n’y a pas que les actes inconscients qui échappent à notre contrôle. On peut dire que même les actes que nous pensons contrôlés ne sont pas véritablement sous notre contrôle. Nous avons le sentiment d’être l’auteur de tous nos actes, nous avons le sentiment d’agir librement. Mais notre liberté est-elle absolue ? Ce sentiment est-il réel ou illusoire ? Nous avons certes conscience de nos actes, mais nous avons moins conscience de leurs causes. Comme l’explique Spinoza, nous ne connaissons pas les véritables causes de nos actes. Et si nous ignorons les véritables causes de nos actes, nous ne pouvons pas affirmer que nous sommes le maître de tous nos actes. Des causes passionnelles aveugles sont parfois à l’origine de nos actes. Ce sont ces actes que nous accomplissons mais que par la suite nous avons l’impression qu’ils ne viennent pas de nous, de notre personne, de notre moi, qu’ils ne correspondent pas à notre nature.

En effet, il nous arrive d’agir par passion. Or on sait que la passion n’est pas un bon conseiller. Car les passions sont des forces aveugles et irrationnelles qui ne concordent pas avec notre véritable moi et notre bien suprême. C’est pourquoi il nous arrive de regretter ce que nous avons fait auparavant après l’avoir fait comme le fait de se laisser aller dans une aventure d’adultère qui va un jour nous exploser à la figure et exploser notre couple et notre paisible vie familiale. Il nous arrive donc de nous tromper en pensant agir conformément à notre volonté avec l’illusion d’être le maître de ce que l’on fait. Ainsi celui qui est l’esclave de ses passions (et de ses désirs) n’est pas réellement maître de lui et de son acte.

Il ne faut pas oublier aussi que nous sommes un être social ou pour le dire à la façon d’Aristote « un animal politique ». Nous vivons dans un milieu social avec nos semblables. Et avec le temps, nous intégrons les mœurs et les valeurs de notre société. Notre moi se socialise, se conforme au mode de vie de notre groupe. Il se construit en nous ce que Bergson appelle un « moi social » qui n’est plus notre véritable moi, notre moi authentique. Quand nous agissons, c’est un moi conformiste et transformé qui agit. Peut-on alors être maître de ce qu’on fait si nous sommes déterminés par notre société et notre environnement ? Ainsi le poids de la tradition, de la religion pèse lourdement sur tout ce que nous faisons. Une mère qui circoncit selon la tradition sa fille toute en sachant que cette circoncision est une mutilation agit pour se conformer à sa tradition. En ce sens K. Marx affirme : « ce n’est pas la conscience qui produit la société, mais c’est la société qui produit la conscience ».

 

Dans ce sujet, on se demandait

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